Me revoilà, je vous écris perdue dans un amoncellement d’objets que je ne sais plus où ranger.
J’ai décidé de redonner vie à ma chambre dans la maison familiale. Je l’avais laissée à l’abandon depuis ma rupture avec N. Il faut dire que cette pièce est devenue davantage une partie de nous qu’un bout de moi.
Alors voilà..je change tout de place, je range tout, je vire certaines choses. J’essaye de lui redonner une identité. La mienne. Une trace simple de ce que je suis aujourd’hui. Histoire de la voir comme un deuxième chez moi. Je n’avais pas de notion de « chez moi » avant mon appartement d’aujourd’hui. Je savais à la rigueur ce qu’était un « chez nous » mais à vrai dire je ne m’y suis jamais sentie bien.
Ce qui est étrange quand on fait du tri c’est de retrouver les petits riens qui comme la madeleine de Proust vous font remonter tout un univers. Je réenclenche le cd de Yann Tiersen et boom je revois la scène. Nous deux sur le parquet de mon ex-chambre. Lui qui versait de chaudes larmes parce que je dansais sur ces mélodies que je trouvais très parisiennes à l’époque. Je rêvais de la capitale. De Montmartre la nuit, de rentrer avec le premier métro, de boire du rosé sur les quais de la Seine, de visiter les salles de spectacle discrètes autant que les grandes.
Je le revois me serrer fort et me dire que je le quitterai. Je le quitterai parce que j’avais trop d’ambition, des rêves trop grands pour qu’un provincial me suive. Je m’envolerai loin de lui, loin de tout. L’oublier pour ces autres..ces étudiants et ces parisiens. Deux étiquettes qu’il voyait comme des vices. Malgré tout ça il finissait toujours d’un “mais tu trouveras jamais quelqu’un qui t’aime autant que moi”.
Je le croyais. Et puis je riais. Parce c’était absurde. Je ne me voyais pas sans lui. Parce qu’il ajoutait d’autres rêves aux miens. Parce que nos débuts avaient été parfaits. Parce que j’étais bien avec lui. Et puis je le connaissais par cœur. Je l’aimais par cœur. Il ne me fallait rien d’autre.
Je pensais qu’il voulait se faire du mal. Nous faire du mal. S’imaginer une vie qui n’existait pas pour profiter un peu plus de la vraie.
Je retrouve les photos de la suite.
Il y a eu Paris avec lui. On avait la volonté de construire un cocon, on a bâti une prison. Ça a commencé par ses doutes et ses mensonges. Ça a fini par mes crises. On a pourri, changé et on s’est rendu fou.. Malgré tout le soir il me répétait la même chose “personne ne t’aimera plus que moi”.
A vrai dire je l’espérais encore plus fort qu’avant. Parce que si c’était ça “aimer” alors ça valait pas le coup d’en faire des chansons ou des films. C’était synonyme de pleurer tous les soirs, de faire trop d’efforts, trop de sacrifices. Vivre les choses comme on ne les voulait pas. Ne pas exister en somme.
Quand on s’est quitté…séparé pour de vrai (car bien sûr les fausses ruptures il y en a eu des milliers). Quand il a commis l’irréparable (c’est bête pour moi l’irréparable c’est pas encore sa violence..c’est d’avoir pu toucher quelqu’un d’autre). J’ai pleuré, j’ai crié bien sûr. Mais ce que je n’ai osé lui dire c’était que tout ça..c’était plus de la tristesse.. c’était du soulagement. J’étais libre. Prête à m’éloigner.Je ne pouvais le voir sans le détester. Le regarder en face sans avoir envie d’hurler.
Je me souviens des derniers moments ensemble sans être ensemble. On a fait comme si on s’en voulait pas. Il y a eu le café où on a parlé de nos projets individuels. Histoire de se montrer qu’il y avait plus de « nous ». Se faire un peu mal avec ce qui pouvait rester.
“Tu vois tu réussies tout” m’a t’il sorti sur un ton acerbe. J’ai surtout pensé que j’avais réussi à le rendre monstrueux. Ça n’avait rien de glorieux.
Si je l’avais rencontré ce jour là avec ses cheveux bien trop longs, sa barbe dégueulasse et ses fringues de pouilleux il ne m’aurait pas plu. Pour sûr moi non plus, il ne m’aurait pas regardé. J’étais trop élégante (et je l’avais fait exprès).
La dernière fois que je l’ai vu c’était dans le train. On ne se ressemblait plus du tout. J’avais le même jean que quand il me serrait dans ses bras, et lui le même sourire. Mais pour tout dire on avait que nous en commun.
Ensuite j’ai fait silence radio parce que ça servait à rien de se rattacher à une mauvaise drogue.
Il a fallu retrouver une identité. Se rendre compte que finalement on aimait certaines choses que parce que l’autre y portait de l’intérêt. Grandir. Se poser les bonnes questions. Est ce que ça vient de lui? Est ce que ça fait partie de moi? Tout casser pour se reconstruire. Créer un soi. Puis un chez soi. Et aujourd’hui redonner vie à une chambre.
Qu’est ce que je fais des restes de lui? Je les brûle? Je les mets au grenier? Je regarde les photographies et ça me paraît loin. C’est déjà ça. C’est passé.
Une dernière question encore. Il y avait “monsieur et madame fées”. Ces bonshommes en porcelaine. Un couple drôle qui représentait quelque chose pour nous. Comme tous les couples on s’était attaché à des trucs débiles comme des vieux sentimentalistes.
J’ai volé le couple quand il m’a avoué cette “aventure”. Parce que j’étais en colère. Et épuisée. Qu’il était plus digne de cette porcelaine parfaite. Je sais qu’il y tient encore autant que moi. Parce que ça ne sert à rien mais que ça voulait dire beaucoup.
Est ce que je les dépose au grenier? Je les enterre? Je les casse? Ou je lui renvoie un des deux par la poste (voir le couple)? Histoire de lui dire vraiment au revoir. Créer une fin parfaite… Ou à défaut moins triste?
Trop triste ton histoire 😦
Moi je dis, les restes de lui, tu les jettes à la poubelle (ou tu les brûles, mais la poubelle c'est quand même plus simple)… pour démarrer une nouvelle vie.
je dirais de tout ranger dans une boite au grenier. et tourner la page, même si c'est dur, même si le passé a compté.
@celibataireetstupéfiante: je le ferais bien mais je me dis que quand je serai mère, ou mamie ou j'en sais rien..ça me fera rire de revoir tout ça.
@annick: la page est tournée malgré la madeleine..sinon je ne referai pas ma chambre. Je pense que l'écrire est aussi un moyen de de rayer.
Poubelle !!! A moins que des bidules ne soient vendables sur e-bay ou chez Cash Converters…
Moi ? Cynique ? Naaannn….
Allez, poubelle ! Le passé, c'est le passé…
Moi je ne jette jamais rien. Je garde tout pour quand je serai vieille devant une cheminée, mdr.
C'est peut-être déplacé ce que je vais te dire, mais je trouve que ce texte, même s'il est triste vu qu'il concerne un moment difficile de ta vie, est très bien écrit.
Une rupture, c'est toujours terrible, malgré tout, vu comme tu décris votre relation, vous n'aviez plus rien en commun.
Tu as le droit donc le droit de pleurer sur une période qui se termine, mais n'oublie pas de remercier aussi cette période de ta vie et ce garçon, car votre expérience commune t'a conduit là où tu en es aujourd'hui, elle t'a permis d'évoluer, d'apprendre sur toi, etc. Bref, il n'y a rien à regretter, juste apprendre et avancer, savourer et tomber enfin sur celui qui te correspond.
Ca fait très bateau dit comme ça, mais je le pense vraiment.
Quand à ces deux porcelaines, je te conseillerais de les jeter, car quand on garde un objet, on retient toutes les énergies qui sont attachés à lui, et je ne pense pas qu'elles soient très heureuses ces énergies, vu votre rupture.
Tu as déjà le courage de refaire ta pièce? Alors c'est que tu penses à demain, ces petites porcelaines n'ont donc plus aucun intérêt, elles font désormais parti du passé, et y a que le présent qui compte.
Bisous doux 😉