Mon voisin n’est (finalement) pas un tueur

Bon voilà.. je dois le dire ..je me suis trompée. J’avoue. Lynchez moi, fouettez moi, insultez moi en place publique.. j’ai eu tord. Oui c’est vrai j’ai jugé trop vite mon voisin…Rien de bien méchant.. je le voyais juste comme quelqu’un de glauque, avec le charisme d’un robot-ménager, qui n’était techniquement pas programmé pour rire et qui aurait pu venir me tuer en pleine nuit….hum..mais j’ai des circonstances atténuantes si si!!

Rappel des épisodes précédents:

Première rencontre: J’emménage dans mon nouvel appartement. Je suis en train de me débattre avec un meuble faisant trois fois ma taille et les trois quarts de mon poids en poussant des « gniiiii gniii » expressifs (parce que c’est lourd..pas parce que je suis cruche..quoi que..) quand il ouvre la porte. L’homme qui a une gueule d’enterrement me toise de haut en bas. Je tente un « hey salut! Nouvelle voisine! » avec un sourire dentifrice. Il siffle entre ses dents un maigre « moui bonjour » et trace son chemin.. Je lance un regard sur mes vêtements. Bon c’est vrai je n’ai pas l’air de miss France mais je ne pensais pas faire fuir à ce point.

Deuxième rencontre: L’emménagement se transforme en parcours du combattant. J’enchaîne les loses. En plus le destin m’en veut: je me réveille avec des yeux d’hamster congestionné. Je ne sais pas à quoi je suis allergique mais je ne peux pas sortir dehors sans causer une crise cardiaque aux séniors du quartier. Bien sûr je n’ai ni médicament, ni compress froide et encore moins les super produits de fille pour faire passer/camoufler tout ça. Technique de sioux: je chope un steak surgelé et me le colle sur l’œil droit, histoire de le faire dégonfler. J’ai trop de choses à faire. Je ne veux pas perdre de temps alors je commence par tester ma serrure . Ma clé coulissait mal la nuit dernière. Je tente des deux cotés de la porte. Un moment donc la scène est mythique: je suis dans le couloir en train de m’acharner sur une porte, un steak collé sur la figure.. Bien sûr c’est l’instant même que choisi gueule d’enterrement pour sortir de son trou. Il s’arrête quelques secondes devant moi perplexe. Je tente à nouveau de le saluer de façon détachée (il va de soi). Il me répond mollement et accélère le pas. Je le trouve inhumain. Moi si je vois une fille avec de la viande sur la figure je rigole (et ce même si c’est lady gaga).

Troisième rencontre: Je suis au téléphone avec ma meilleure amie et je lui raconte ma vie de loses suprêmes dans le couloir de mon immeuble. « Non mais je te jure, il me parle et tout ce que j’arrive à lui répondre c’est « gnihii » (cette fois-ci le « gnihii » est un « gnihii » de cruche oui oui). Je tente de retrouver mon cerveau mais il ne fonctionne plus le salaud. Le neurone est tout bonnement aux abonnés absents. J’ai autant de prestance qu’une coquille de moule morte.. » Je vous laisse deviner? La réponse est oui..le voisin était bien derrière moi tout au long de cette conversation hautement intellectuelle…

Quatrième rencontre: Je reviens d’une soirée dans un estaminet belge..et j’ai un coup dans le nez…bon d’accord même plusieurs. Je tente d’ouvrir ma porte en grattouillant mollement la serrure avec ma clé. Apparemment ça me fait rire. Le voisin sort de l’ascenseur et découvre mon état pitoyable. Je tombe par terre, pose le doigt sur mes lèvres et envoie un « chuuut il y a des gens qui dorment» à la moquette du couloir. Puis je tente de me relever sans succès. ET LA TOUT BASCULE. Non le voisin ne me piétine pas.. Non il ne me laisse pas mourir dans ce couloir trop froid…Non je ne lui vomis pas dessus.. SUSPENS. L’homme me relève, ouvre mon antre et me porte jusqu’à mon lit. Je trouve ça très rigolo sur l’instant. Il m’enlève mes chaussures et mon manteau. Je lui confie un « ohhh naaan j’ai toujours l’air d’une abrutie quand je te voiiiss ». J’aurais dû simplement avouer que j’ai toujours l’air d’une abrutie tout court. Il me met toute habillée sous la couette et me souhaite bonne nuit avant de rentrer chez lui. J’ai dû répondre un truc s’approchant de« BUONE NUITE » avant de sombrer dans les bras de Morphée.

Cinquième rencontre: (qui sera suivie de bien d’autres) J’avais décidé que ma honte prenait trop de place. Je me devais d’éviter le voisin à tout prix.. Ou alors..d’assumer le fait d’être une abrutie une fois pour toute..N’étant pas douée, j’ai opté pour la deuxième solution. C’était plus sage. Alors la semaine dernière, j’ai frappé à la porte de l’homme pour lui proposer de se boire une bière un de ces quatres. Il m’a invité le soir même. Si j’ai été gênée au début il a su me mettre à l’aise directement. On s’est d’abord présenté. Monsieur est informaticien (et un vrai geek au vu de décor de son appartement). Finalement je me suis rendue compte qu’il n’avait pas vraiment une gueule d’enterrement. Mieux, il savait même sourire, ce qui lui donnait un certain charme.. On a trinqué plusieurs fois, jusqu’à se parler comme des vieux amis du lycée.. C’est alors qu’on a abordé nos anciennes rencontres. Un peu trop joyeux il a conclu d’un « En fait t’es carrément cinglée mais c’est positif ». Encore aujourd’hui je ne comprend pas tout à fait le sens de cette phrase.. Mais peu importe.. quand je suis rentrée chez moi j’étais assez enivrée et heureuse pour prendre mon courage à deux mains. Oui je me suis inscrite au concours de la classe libre des cours Florent.