La rouquine, elle emmerde les clichés, et toi avec

« Ah ça sent le roux » (rires gras)

C’étaient les propos d’un jeune homme qui traversait la rue en même temps que moi mais dans le sens opposé. Je me suis arrêtée. Est-ce que je venais bien d’entendre cette phrase dénuée de sens? J’ai eu du mal à comprendre que c’était de moi qu’on parlait. Il faut dire qu’à la base, je suis blonde.

J’aurais pu m’en aller et me dire que de toute façon, c’était sans importance. Des jeunes sans intérêt et sûrement sans avenir.J’aurais pu aussi me raisonner : agresser deux types quand on pèse une cinquantaine de kilos toute mouillée n’est pas vraiment quelque chose de judicieux. Mais voilà..Charlie est une petite nerveuse. Et qui dit « petite nerveuse », dit GROSSE chieuse.

Du coup, je me suis plantée devant lui avec un sourire dentifrice.

« C’est à moi que tu parles? »

Le garçon d’une vingtaine d’années ne m’a pas répondu. Je pense qu’il ne s’attendait pas à avoir une harpie face à lui.

« Non parce que..c’est toujours mieux de s’adresser aux gens en face tu sais? Alors vas-y je t’écoute. Ose me dire avec tout ton acné juvénile (oui je suis méchante) sur la gueule que tu vaux mieux que moi parce que j’ai les cheveux roux? »

Toujours pas de réponse

« J’aurais du me douter que tu n’aurais pas assez de vocabulaire.. » ai-je sorti en repartant.

Trois pas plus loin, j’entends un fabuleux

« pff salope »

L’acharné!

« Oua! Quelle répartie! Ça fait combien de temps que tu la cherches celle là? Et puis Madame Salope je te prie. Mais puisque tu as l’air d’être un grand dur qui assume totalement son Q.I de moule morte, tu ne veux pas me donner ton nom et ton prénom? Oui parce que Madame Salope est journaliste (bon ok stagiaire mais je m’en fiche) et elle serait ravie de faire un écho sur un petit merdeux de la ville afin d’être certaine qu’il ne touchera plus une seule femme durant les trois années à venir! ». Je sors mon calepin et hausse les sourcils.

Les deux garçons m’ont regardé avec des yeux globuleux. Ou j’ai parlé trop vite ou je les ai soufflés.

« Pardon madame » me sort le copain de l’abruti au bout de quelques secondes

« Un conseil, achetez vous une éducation, vous vous toucherez moins! ».

Je commence à repartir quand le deuxième gus me lance un:

« Et madame, vous auriez un facebook? »

Affligeant.

Je ne comprends pas qu’on puisse avoir de tels propos. C’est comme ces personnes qui me posent des questions sur mon statut « en union libre avec (nom de ma meilleure amie ) » sur facebook,pensant que ceci n’est pas une plaisanterie. Je ne suis pas rousse. Je ne suis pas lesbienne non plus. Mais si je l’étais j’aimerais qu’on me regarde comme quelqu’un de normal, loin des clichés.

Non mais c’est vrai! Ça se passe comment?Parce que je suis une femme je suis le sexe faible et donc je dois attendre mon cher homme à la maison? Parce que j’ai habité dans le nord j’étais alcoolique, consanguine, pédophile et chômeuse? Parce que je suis blonde je suis conne?

Ça en fait pas un peu beaucoup pour une seule et même personne?