Perturbée?

Dans les bras de l’homme, en plein jardin municipal. Il fait beau et chaud. Je ne suis qu’amour, luxe, calme et volupté. Mais d’un coup, une phrase vient casser ce silence si reposant. C’est presque un chuchotement: « il faut qu’on parle » me confie jules à l’oreille.

Je me retourne et lui souris. S’il voulait vraiment me quitter il n’utiliserait pas une tirade aussi clichée. Et puis tout se passe bien entre nous. Il n’y a aucune raison de mettre fin à cette histoire.

« Oui dis moi » l’encourage, en lui prenant la main pour la caresser.

Il retire aussitôt la sienne. « Je ne suis plus amoureux de toi », me lance-t-il en baissant les yeux.

A cet instant je voudrais pester, pleurer, ou au moins tenter de comprendre le pourquoi du comment, mais mon cerveau ne semble plus répondre. J’ai les yeux aussi vides qu’une plante morte. J’ai mal et je n’arrive plus à bouger. « Mais si tu veux on peut toujours continuer à coucher ensemble de temps en temps… » rajoute-t-il enfin.

La blessure s’aggrave, j’ai envie de crier et de le gifler mais je reste là, bloquée. Et le temps semble filer plus vite que mes mots et mes émotions. Je me retrouve bientôt dans la voiture de l’auto-école, les yeux rivés sur le volant.

« Et bien ce n’est pas bon du tout.. je crois que vous savez mon verdict mademoiselle ». J’entends le crissement du stylo de l’examinateur entourer la case « insuffisant » sur ma feuille d’évaluation du permis. A nouveau je perds le contrôle de ma raison et ne peux plus faire un geste. J’entends ce petit homme trapu et chauve me dire que je suis un danger public, que je ferais mieux de m’enfermer chez moi plutôt que de lui faire perdre son temps. Et que jamais je n’aurais mon papier rose à ce train là. J’accuse le coup impassible mais détruite. « Et maintenant sortez de cette voiture », m’ordonne-t-il. Je m’exécute de façon robotique et je marche tout droit.. en oubliant ma route et le temps qui continue à tourner.

La voix rauque et forte de mon rédacteur en chef me fait reprendre conscience. Alors que je lève mes yeux vers les siens, il frappe des deux points mon bureau. Il est rouge de colère. Je ne sais pas encore ce que j’ai fait mais il est clair que ça doit être une belle connerie. « Vous n’avez aucune imagination mademoiselle ».

« Ah bon je… ». Je tente de trouver mes mots, mais je bégaye.

« Je vous le demande! Est ce que vous avez de l’imagination mademoiselle? Est ce que vous avez de l’imagination? » crie-t-il de plus belle sans me laisser répondre.

Je suis morte de peur et de fatigue.. J’ai envie que tout ça s’arrête, maintenant. Je ne le supporte plus. Ma respiration est forte..trop forte. J’ai des spasmes incontrôlables. D’un coup tout veut sortir. Je me met à crier sans retenue. Un son qui semble tout emporter sur son passage. Me voilà devenue hystérique. J’hurle ma peine et ma rage si fort.

Si fort que mon interlocuteur fait un pas en arrière.

Si fort que le décor qui m’entoure devient flou.

Si fort… que je me réveille en sursaut.

L’homme est assoupi près de moi;..lové dans ma couette. Je prends conscience qu’il ne m’a pas quitté, que je n’ai pas encore repassé mon permis, et que je ne serai pas dans une vraie rédaction avant Juillet. Alors je me mets à rigoler de bon coeur pendant quelques secondes. Le temps qu’il me faut pour regarder l’heure. Il ne me reste qu’un tour de cadran pour récupérer d’une nuit de mauvais sommeil, avant de me lever pour aller en cours. Vie de merde et cauchemars de chiotte (les filles ne sont pas vulgaires). Je m’enfouis la tête dans un coussin en repensant à ses horribles chimères. Bon d’accord, je crois bien que je suis perturbée .

Ps: La nuit suivante j’ai eu le droit à un cauchemar où on me kidnappait pour faire de moi un objet d’art vivant.. Puis un autre où je me faisais tuer par balle en enquêtant sur un fait divers.

PPS: J’ai enfin envoyé ma candidature au magazine dont je vous parlais dans mes derniers post. Ils m’ont répondu de leur proposer des sujets.. plus qu’à me mettre au boulot.

PPSS: Je sens quand même que je ne vais pas avoir mon permis.

PPPSS: A noter: L’homme a un sommeil de plomb.

6 réflexions au sujet de « Perturbée? »

  1. L'hypnomachin me dit que les rêves sont la poubelle de notre inconscient. Autrement dit tu évacues ce qui te bloque. Normalement ça devrait t'aider à passer outre tes angoisses… Alors pas de raison que tout aille mal !

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