Un peu d’adrénaline


Amis du soir bonsoir! Désolée de ne pas être plus présente ici (le travail oblige) mais sachez que chaque commentaire et mail que je reçois sur mes écrits me touchent beaucoup. Merci de me suivre.

Cette semaine à l’école fut intense. Je me suis rendue compte que j’étais le genre d’étudiante qui aimait bien trop ce qu’elle faisait. Au point des fois, d’être inconsciente.

Je m’explique. J’ai participé, un matin, a une conférence-bilan sur la situation des Roms. Les collectifs de soutien évoquaient toutes les aides apportées à ces populations et combien celles-ci avaient amélioré les conditions de vies des familles. La réunion finie, j’aurais pu m’en aller. Me dire que je n’avais qu’à faire un compte-rendu. Croire sur paroles ces hommes et ces femmes si impliquées. Mais non.. il m’en fallait plus.

Alors avec une autre étudiante on a été dans un de ces fameux camps de Roms. Quand on est arrivé près des caravanes je me suis rendue compte que les fameuses « améliorations des conditions de vie » étaient loin d’être suffisantes.

On a suivi un jeune garçon. Il était pour tout dire assez flippant emmitouflé dans sa cagoule, nous répétant des « viens » toutes les deux minutes. « Il y a des films d’horreur qui commencent comme ça » m’a lancé ma collègue. Elle n’avait pas vraiment tord.

Pour parvenir à ce camps il fallait longer la route. .A coté de poubelles débordantes et de déchets posés à même le sol, se dessinait entre des buissons un chemin de traverse. Il était à peine perceptible et semé d’embûches. Il fallait marcher sur une cagette branlante servant de pont à une petite fosse, puis se frayer un chemin dans la boue fraîche et la végétation laissée à l’abandon. Un parcours du combattant pour atterrir devant des cabanes en bois desquelles s’échappaient une fumée grise opaque. Je n’aurais jamais trouvé toute seule pour sûr.

Là, on parlait un drôle de langage, tout en gestes. Les Roms ne comprennent pas le Français, sauf les enfants scolarisés. Maria 9 ans nous a expliqué que « Yann est parti ». L’association qui a aidé à la construction des maisonnettes où travail ce fameux Yann, était présente sur les lieux au matin.

Ici, on avait peur de l’étranger alors on nous a fait rentrer dans une des constructions pour nous enfermer à clé. J’avoue j’ai eu très peur. Parce qu’on était deux filles. Parce qu’il avait ce type endormi sur un amoncellement de matelas. Parce que personne ne savait qu’on était là. Mais monsieur destin doit bien m’aimer au fond. La femme qui nous avait fait rentrer n’était pas malveillante. Au contraire, elle m’a déposé ses papiers dans les mains avec un regard fuyant.

J’étais choquée. Je me sens merdique d’habitude. Alors pourquoi cette femme se soumettait à moi? Pour quelles raisons? Par mouvements, nous avons fait comprendre à nos hôtes que nous n’étions pas là pour les chasser. Lilia ne connaissait que quelques mots de français mais ils semblaient dire l’essentiel : « préfecture » et « nous dégage ».

Pourtant, au matin, on nous disait que la communauté urbaine avait pris en compte la demande de non-expulsion des Roms.

Les cabanes étaient petites pour des familles d’au moins quatre personnes. La moitié de l’espace était occupé par des matelas. Le reste ? Un tabouret servant de table, de la vaisselle, du linge amoncelé et un chauffage de fortune créé avec un tronc d’arbre et des plaques métalliques. Quand on a posé la question du danger de la brume grise qui s’échappait des habitations, la réponse a été simple « ça chauffe ».
Au final, seulement cinq cabanes en dur ont été construites. Le tout entre nature sauvage et mares de boue. Pas de quoi sauter de joie. Il y a encore beaucoup de travail à faire..

Après cette épopée, je me suis sentie mal toute la journée. Je revoyais la scène des papiers. Rien à faire. Je me trouvais inutile..et bien trop chanceuse.

Alors oui je sais. J’ai été vraiment inconsciente. Mon papier était chouette mais ça ne change rien. Je devrais faire plus attention à l’avenir. Je ne suis pas Loïs Lane..Superman ne viendra pas me sauver s’il m’arrive un malheur.

Par contre, (ce n’est qu’une opinion..) je ne suis pas sûre que si j’avais demandé à un médiateur de nous accompagner, les choses auraient été si authentique..

4 réflexions au sujet de « Un peu d’adrénaline »

  1. La prochaine fois fais-toi accompagner d'un collègue homme… ou de quelqu'un d'une association d'aide.
    Leur sort me désole personnellement, je trouve ça inhumain qu'on puisse les laisser dans ces conditions à notre époque… Il y a encore tellement à faire…

  2. Ce qui fait horreur c est qu'entre grands discours et réalité il y a toujours une marge, mais l'information qui n est pas sensationnelle est souvent mal relayée …Dommage!!!!

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