Le baiser du diable

« Je suis là dans une heure ».
Là..
dans ton hall..
pour parler.
Je n’aurais pas du répondre comme une fille sage. Ou peut être lui écrire que de toute façon je ne descendrai pas, qu’il était tard, que je préférai dormir. Ou pourquoi pas lire un peu tiens! Lui dire, que je n’avais aucune envie de me poser par terre dans un hall froid..et sûrement pas avec lui.
J’aurais même pu jouer les petites connes. Lui demander où était l’intérêt puisque de toute manière à chaque fois il me jouait le même rôle. L’image froissée d’un connard qui ne culpabilise pas et à qui tout réussi. Lui avouer que ça me fatiguait de le voir parader comme un play-boy de compétition. Un enfoiré affectif toujours en quête d’un public. Et lui rappeler au passage que moi, je n’étais pas sa groupie.
Mais voilà je suis curieuse. J’ai voulu comprendre. Pourquoi moi? Pourquoi ce soir? Et puis je suis un peu trop joueuse…ça brûle c’est l’essentiel.
Je lui ai ouvert et on s’est assis adossés au mur sans se regarder. J’aurais pu le faire monter mais ça aurait été trop étrange. Trop réel peut être.
Après un silence, il m’a demandé comment ça allait avec Lui. Lui…?
J’ai baissé les yeux au sol. Qu’est ce que ça pouvait bien lui faire? Je croyais qu’on ne parlait pas de ça..
Montée d’énervement à peine perceptible. Il était venue pour voir. Contempler sa petite rouquine encore bien trop peureuse et névrosée. Joli spectacle de la folle qui te fait te sentir normal.
Mais voilà, moi aussi je sais mettre un masque. Alors j’ai souri de façon espiègle et j’ai donné une réponse qu’il n’attendait pas : « super pourquoi? »
Et c’est vrai..rien ne va mal. Tout va trop vite mais c’est moi qui cloche. Je ne supporte pas les compliments, les projets, la perspective d’un avenir. Pas envie d’être apprivoisée par un homme alors que j’apprends moi même à me connaître.
Blondie ne dit plus rien. Et je le respecte. On reste en silence..pendant plusieurs minutes. C’est con mais je trouve ça agréable.
Puis il commence à parler. A me parler. Pour de vrai cette fois. Pas d’arrogance dans la voix, que du naturel. Il me raconte ses petites contrariétés sans pour autant me regarder. C’est bête et anodin..mais ça me touche. Je lui répond quelques fois..parce que je suis franche et parce que je crois qu’il en a besoin.
Ses mots raisonnent en moi. Je me sens privilégiée.
Et puis il s’arrête …il doit partir. Il doit toujours partir .
Il faut qu’il la rejoigne..et puis en ce moment « ça se passe bien..rien à dire »me souffle t’il
Alors je me tais et j’hoche doucement la tête..C’est bien.
« A je sais pas quand  alors!» Il sait jamais quand on se revoit. Ça n’a pas d’importance au fond..
Mais avant de passer la porte, il m’attrape par l’écharpe et m’enlace. Je suis crispée..la sauvage ne sais plus quoi faire.
Puis je me calme….pour la première fois peut être est il sincère? Je ferme les yeux.
Il me relâche en posant un baiser sur mes lèvres…c’est doux et rapide..j’ai pas vraiment le temps d’avoir une réaction.
Et il s’en va. Il doit toujours s’en aller.. chez lui..chez eux.
Ses lèvres avaient un goût de cendre…
C’est pas qu’il fume… c’est juste moi qui crâme..

9 réflexions au sujet de « Le baiser du diable »

  1. @L'Anonyme: hiii merciii mais je suis bien inspirée avec tous vos jolis blogs. C'est très motivant de vous lire.

    @Captain: Contente que tu aies aimée! Et non..je ne regrette pas. Même si c'est pas sain. Je dis « je crame », parce que ça m'a touchée.. Mais il n'est pas à moi et il ne le sera jamais. Au fond je sais même pas si j'aurais voulu qu'il le soit d'ailleurs. Disons juste que c'était un moment qui m'a marqué..un joli et curieux moment. Fallait que je l'écrive..Mais bien sûr, du coup je me pose des questions pour la suite..

  2. J'ai adoré ton billet, surtout le « C'est pas qu'il fume… c'est juste moi qui crame… »tellement éloquent. Je n'ai pas de conseil à te donner, vis les choses, moi j'ai toujours préféré les remords aux regrets.

  3. Tu as senti « qu'il en avait besoin » ? D'après ce que je comprends, il a déjà quelqu'un dans sa vie pour combler ses besoins non ? C'est toi qui crame et qui va te consumer totalement… au point de ne plus du tout trouver « joli » le moment fugace que vous avez « partagé »… Je mets partagé en guillemets parceque la réciprocité reste à prouver !

    Tu sembles amoureuse… il semble paumé ! Et dans tous les sens du terme…

    Enfin… ça nous aura vallu un joli billet !

    Mais je crois sincèrement que tu devrais mettre plus qu'un hall d'immeuble entre vous…

  4. @Carole: hii tant mieux j'avais peur que le rythme soit un peu trop lent.

    @Maxine: Je suis comme toi. Pour l'instant de toute manière je ne regrette pas. C'était un petit rien. Ca m'a touché. Ca ne changera pas nos vies et de toute manière les choses sont bien comme elles sont.

    @Begonia; J'ai senti qu'il avait besoin de parler et qu'on réponde à certaines de ses interrogations oui. Un ami peut le faire. Je ne pense pas que donner son avis soit un privilége d'amoureuse. Je ne l'aime pas non. Je suis juste touchée qu'il enlève un peu le masque. Touchée naivement je sais par un connard. Certes je l'avoue..mah bon.. au moins oui ça fait un joli post et une jolie trace.

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