Je danse…
Je ne pense pas..
j’ai dormi toute l’après midi pour me tuer l’esprit..j’ai pas trouvé d’autre moyen.
Faut dire que ca m’est revenu d’un coup, un peu à cause de moi, un peu à cause d’eux…
Ca n’a plus d’importance..je vais bien..

Un petit détour aux toilettes pour regarder ma tête de fille fin saoul.
Je sais bien que je ne devrais pas boire, mais ce soir, je m’en fou..
Je pose ma main sur mes traits pensant peut être que je vais pouvoir les remodeler.
Je me trouve à pleurer…et ça me fait rire.
Oui c’est très drôle car j’ai vraiment tenté d’être jolie.
Je me suis mis une robe, j’ai même osé les talons, un peu de rose sur mes lèvres et sur mes joues pour montrer combien je suis une fille heureuse de vivre.
J’ai passé le contour de mes yeux aux noirs parce que si je le pouvais c’est la seule chose que j’aimerais qu’on voit chez moi.
Je suis cernée…pas grave, personne ne le remarquera dans le noir…Et puis c’est normal que je sois cernée..oui je peux m’inventer une vie de femme d’affaires bien trop occupée.
Allez, je souris un coup pour voir…voilà…je sais faire finalement..
Et ça m’étonne j’ai l’air bien…heureuse même..
Un couple sort des toilettes et rigolent comme des bœufs.
J’ai l’impression d’avoir un revolver sur la tempe mais je feins l’indifférence.
Je leurs lance une grimace joviale et je ressors…
Ca n’a pas d’importance…
Ce soir je danse..
On a voulu me payer des verres, j’en ai accepté deux mais je n’ai rien donné.
Je suis la fille au cœur de glaçon qui ne donnera plus rien.
Il y a mon petit serveur habituel qui me regarde et qui semble compatir.
Et ça m’énerve ces putains de yeux accusateurs qui savent et jugent tout !
Je danse, je me fais draguer, peloter un peu parfois..et ça m’est égal,
oui…j’ai envie que ça ne me fasse rien.
Il a fini son service, il s’approche, me prend le bras et m’entraine dehors.
Je me plains et rigole en même temps.
Il me plante là juste devant la boite, me toise de haut en bas..avant de me regarder quelques secondes dans les yeux.
Quoi qu’est ce que tu me veux ? Ce n’est pas tout mais j’ai froid !
Et là, tout d’un coup il se glisse devant moi et me sert dans ses bras, très fort.
C’est chaud et réconfortant.
J’ai envie de chialer.
Je prends une seconde pour retrouver une contenance et je le repousse.
Salopard qu’est ce que tu fais ? Je suis bien là, laisse mon masque tranquille je te prie !
Il me dit qu’il tient à moi, que je mérite mieux et me file son numéro sur un papier..
Mes yeux se tournent vers le sol et alors il sait que je doute.
J’ai envi de lui dire que ça me brûle encore et que j’y crois plus. Je pourrais lui conter ce qui nous attend histoire de le dégouter: on passera du temps ensemble, on rira, on boira, on fera l’amour et très vite on deviendra trop important pour l’autre.
On la fera cette connerie de tomber amoureux ! Ca nous donnera des ailes ! On pensera qu’on ne peut pas être plus heureux que ça et on ne se rendra même pas compte qu’à mesure qu’on se greffe l’un à l’autre on change.
On deviendra un de ces couples qui fait tout ensemble, trop possessif pour se laisser des instants de vie séparée. On en deviendra jaloux et chiants et on finira par totalement se détruire.
On se calomniera devant les amis et on s’engueulera en soirée.
On se larguera pour revenir ensemble, faire des promesses qu’on ne tiendra pas et s’enfoncer un peu plus dans notre cage.
Et alors quand viendra la vraie fin, celle que nos amis n’attendaient plus, tu te sentiras sali, déprimé et tu te demanderas qui tu es vraiment parce qu’on se sera rendu fou.
Mais non je ne dis rien.
J’ai envie d’y croire pour une fois.
De voir ce que ça donne,
de ne pas trouver d’excuses de fille blessée par l’amour.
Alors j’ose l’enlever cette foutue perruque qui me donne trop chaud.
Je lui montre ce crane sur lequel mes vrais cheveux ne font que quelques centimètres
Je défie sa réaction.
Elle est rapide.
Il baisse les yeux, gêné.
Pire, il me semble qu’il a reculé, il a peur
La peur débile que je puisse lui refiler quelque chose.
C’est un doux paradoxe, me voilà guérie avec l’impression d’être contagieuse.
Je refixe mes cheveux longs bruns de Barbie sur ma tête, je ricane et tente de reprendre mon allure de petite conne.
Je déchire son numéro, balance les lambeaux par terre, lui dit d’arrêter de culpabiliser, que de toute façon c’était pas mon genre.
Je le laisse là, rentre dans la boîte, claque la porte derrière moi avec un sourire faussement fière.
Puis, je m’arrête un instant face au miroir de l’entrée. Je me regarde et souffle.
Et merde j’y ai presque cru ! Je suis vraiment une putain de fleur bleue au fond !
Alors je souris mollement, le premier rictus franc de la soirée.
Ouais, je veux y croire,les cicatrices intérieures finiront bien par partir elles aussi..
En attendant je rejoins les copines, et je danse…
petite fiction poignante… juste envie que tu cicatrises… j'espère que tu ne te sens pas comme ça en vrai… toujours une belle écriture… continu à user de ta plume, c'est toujours un réel ravissement de te lire.